Jerémy COUTURAS est un pharmacien hospitalier exerçant principalement des activités de pharmacie clinique et de recherche en santé mentale. Ces activités consistent, entre autres, à l’optimisation des thérapeutiques pharmacologiques et à l’adhésion médicamenteuse. Titulaire d’un doctorat en pharmacie hospitalière, d’un diplôme universitaire en psychopharmacologie et un master recherche en santé publique, il débute fin 2024 une thèse de recherche dont objectif général est d’identifier les leviers qui permettraient de proposer des axes d’amélioration du parcours de soins de santé mentale sur les territoires insulaires de l’Indianocéanie.
16h20 - Recherches régionales récentes ou à venir (session 4)
Considération des effets du changement climatique dans les recherches d’optimisation de la prise en charge de la santé mentale dans l’Indianocéanie insulaire
Jeremy COUTURAS1,2,3, Jeremy JOST1,4, Farid BOUMEDIENE1
(1) Inserm U1094, IRD U270, Univ. Limoges, CHU Limoges, EpiMaCT - Epidemiology of chronic diseases in tropical zone, Institute of Epidemiology and Tropical Neurology, OmegaHealth, Limoges, France
(2) Pharmacy Departement, Centre Hospitalier Esquirol, 87000 Limoges, France
(3) Centre Hospitalier Esquirol, Research and Innovation Unit, Limoges 87000, France
(4) Pharmacy Departement, Centre Hospitalier Universitaire de Limoges, 87000 Limoges, France
Les territoires insulaires de l’Indianocéanie sont confrontés à des contraintes spécifiques liées à leur insularité, notamment l’isolement en matière d’alimentation, d’énergie et d’accès aux soins. Le changement climatique affecte déjà ces territoires et les impactera de manière croissante à travers divers phénomènes : élévation du niveau de la mer, intensification des cyclones, sécheresses prolongées, etc. Ces bouleversements environnementaux se traduisent par une détérioration de la santé mentale des populations : augmentation des troubles dépressifs, des états de stress post-traumatique, des troubles anxieux, de la consommation de substances psychoactives, ainsi que des comportements suicidaires. De nouvelles formes de souffrance psychique émergent, comme l’éco-anxiété, illustrant une perception accrue des risques environnementaux. Cette hausse des pathologies psychiatriques risque de fragiliser davantage des systèmes de santé souvent déjà sous-dotés, en particulier dans le domaine de la santé mentale.
Il est donc essentiel d’anticiper et de prendre en compte ces problématiques afin d’améliorer et d’optimiser les parcours de soins en santé mentale dans la région. Face à ces enjeux de santé publique, nous avons entamé un travail de recherche qui s’articule autour de 3 axes :
1) Évaluer et compléter les compétences en santé mentale par la formation, via une plateforme e-learning, des acteurs de soins (professionnels médicaux, paramédicaux, agents communautaires) en matière de prévention, de dépistage et de prise en charge.
2) Compiler, et adapter si besoin, les outils supports existants dans les différents États de l’Indianocéanie. L’objectif étant de constituer une boite à outils avec des documents de sensibilisation/information pour le grand public et des documents d’aides à la prévention/dépistage pour les professionnels.
3) Constituer, au niveau communautaire, un groupe coordonné et pilote de professionnels de santé pluridisciplinaires (médecins, pharmaciens, infirmiers, agents communautaires…). L’objectif de cette action interventionnelle est d’optimiser le parcours de soins en s’appuyant sur l’ensemble des professionnels.
En somme, la santé mentale constitue un indicateur incontournable de l’impact des changements climatiques sur les populations, en particulier dans les territoires insulaires, plus exposés et plus vulnérables à ces phénomènes. Ainsi, la recherche sur les liens entre changement climatique et santé mentale en Indianocéanie est essentielle afin de mieux comprendre les déterminants en jeu et d’adapter les interventions.
